Je ne sais plus / Chapitre 1 :

 

Prologue :

“Je vais tout écrire, même ce que je ne comprends plus. Même ce que j’ai oublié à moitié. Je veux consigner ces souvenirs avant qu’ils ne m’échappent, moi, Rimii.
Je ne sais plus… mais j’écris quand même.”

Je suis née dans une douleur que personne n’a entendu. Alors j’écris pour la faire résonner et faire réfléchir.

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Chapitre 1 : La naissance comme malheur

Quand je suis née, mon frère a éclaté de rire en m’entendant pleurer.
J’ignore si c’était par nervosité ou parce qu’il trouvait ça drôle, mais ce que je sais, c’est que ce moment a marqué le début d’une sacrée histoire entre lui et moi.

Ma naissance, elle, fut vécue comme une déception. Mes parents espéraient un garçon, et moi, j’étais une fille. Une erreur de casting, à leurs yeux.

Ma mère endossait depuis toujours le rôle du père, même si un père, j’en avais un. Mais il rentrait tard, éreinté, les mains tachées de peinture ou de ciment. Il savait tout faire — électricité, plomberie, maçonnerie. Tout, sauf s'occuper de nous.

Un jour, il a voulu jouer avec nous. Il nous a fait asseoir côte à côte, puis nous a giflés l’un après l’autre comme s’il répétait un geste appris, sans comprendre la violence qu’il infligeait. Ce fut la première et dernière fois. On n’a plus jamais osé lui redemander de jouer.

Il était notre géniteur, et c’est tout. Distant, mais jamais cruel — à condition qu’on ne fasse pas de bêtises.

Ma mère, elle, m’a eue à 39 ans, en France. En Inde, c’est trop tard. 

Et après moi, elle a eu deux garçons, le numéro un puis le dernier forcément le petit chouchou.